Assises dans le box des accusés, les sages-femmes Amy Sène, Ndèye Khady LÔ, Ndèye Fally Guèye et Penda Diack jettent un regard sur le public, qui a pris d’assaut la grande salle d’audience du Tribunal de grande instance de Louga où se tenait hier leur procès surmédiatisé.
Discutant, par moments, entre elles, elles deviennent silencieuses lorsque le juge présidant l’audience a commencé à appeler leurs noms à la barre. Une à une, elles s’éjectent de leur place pour répondre à l’appel. Elles seront rejointes, la minute d’après, par leurs collègues Ngoné Ndiaye et Ndèye Fatou Seck, qui ont comparu libres à la faveur d’une liberté provisoire. Au complet, les six (6) sages-femmes, poursuivies pour «non-assistance à personne en danger», assistées par six (6) avo- cats, sont restées debout comme un piquet en attendant leur face- à-face avec le ministère public.
Malheureusement pour elles, elles n’ont pas été entendues sur les chefs d’inculpation retenus contre elle. Car, Me Ousseynou Gaye, un des avocats de la partie civile, a sollicité le renvoi. La robe noire qui avait à ses côtés le mari de la jeune dame, fonde son argumentaire sur le fait que le dossier n’a pas été mis à la disposition des avocats qui venaient de se consti- tuer pour défendre les intérêts de la partie civile. Ensuite, Me Gaye a sollicité aussi que l’Agent judiciaire de l’Etat soit installé dans le dossier.
Avant de prier pour que les rapports d’audit commandités par le ministère de la Santé soient versés dans le dossier : «Le mi- nistre a eu à dire qu’il a trois rapports d’audit. Qui est mieux placé que le juge pour avoir ces documents-là, si l’on sait que la tutelle s’en est fondé pour prendre des sanctions disciplinaires à l’endroit des sages-femmes», ajoute l’avocat, lequel a conclu par demander que le dossier médical qui doit être produit par un mé- decin choisi par la partie civile, soit versé dans le dossier». Le substitut du procureur de la République qui s’est opposé à cette demande de renvoi a révélé que toutes les diligences ont été faites par le parquet.
Me Abou Abdou Daff, membre du pool d’avocats de la défense, est lui aussi contre ce renvoi. Pour lui, «on ne peut rien reprocher au parquet, qui a été très diligent et pragmatique dans cette affaire». Au terme de cette guerre de procédure, le juge présidant l’audience, a finalement accepté de renvoyer l’affaire à huitaine (jeudi prochain, en audience spéciale) pour permettre aux avocats nouvellement constitués de mieux étudier le dossier.
Ainsi, lorsque la décision prise par le tribunal leur a été communiquée, les sages-femmes, visiblement dévastées, ont regagné, les bras bal lants, le box des accusés. Après que le tribunal a renvoyé l’affaire au jeudi 05 mai en audience spéciale, les avocats de la défense, très décidés à tirer d’af- faire leurs clientes, ont sollicité que la Liberté provisoire leur soit accordée.
Le parquet s’est opposé à cette demande de mise en liberté provisoire. Pour le représentant du ministère public, les prévenues n’ont pas élu domicile à la maison d’arrêt et de Louga. Cette formalité n’a pas été remplie par elles, donc elles ne pourront pas bénéficier de cette liberté. Ensuite, le parquetier a révélé que la mise en liberté provisoire de ces femmes pourrait être un risque de trouble à l’ordre public. Les avocats de la défense, conscients que le parquet qui s’est opposé à cette liberté provisoire, pourrait interjeter appel au cas où cette faveur a été accordée à ses clientes, ont tout simplement renoncé à cette demande.
Par ailleurs, Sokhna est loin de connaître son épilogue. D’ailleurs, elle risque de prendre une nouvelle tournure plus complexe. Et pour cause : les avocats de la partie civile, promettent de déposer, ce jeudi auprès du juge d’instruction, une plainte avec constitution de partie civile contre l’ex-Directeur de l’hôpital régional de Longa et la gynécologue qui assurait la garde le jour du drame,