Prévu avant-hier, le procès de Serigne Assane Mbacké, chef religieux, Khadim Samb alias Dibor, chanteur religieux, le réceptionniste de l’hôtel Nina, Abdourahmane Lô, le commerçant Ibrahima Badiane et Baïdy Hamady Sow a été renvoyé. Le procureur de la République a soulevé une exception d’incompétence du tribunal. Il opterait pour une procédure criminelle.
La tournure des évènements de l’affaire de corruption de mineurs, traitement en vue d’exploitation sexuelle, détournement de mineurs et corruption de mineurs impliquant Serigne Assane Mbacké, Abdourahmane Lô, Ibrahima Badiane et Baïdy Hamady Sow avait surpris plus d’un. Arrêté pour des faits jugés criminels, les mis en cause avaient été placés, presque en catimini, sous mandat de dépôt, en visant une procédure de flagrance.
Cependant, le procureur de la République qui avait pris cet acte, semble vouloir se rectifier. Ainsi, l’étau se resserre autour de Serigne Assane Mbacké et ses co-prévenus.
Placés sous mandat de dépôt depuis lundi dernier pour corruption de mineurs, traitement en vue d’exploitation sexuelle, détournement de mineurs, et corruption de mineur au préjudice de O. Diouf et A.S. Diouf, ils devraient être jugés, jeudi, devant le Tribunal des flagrants délits de Dakar. Mais avant l’entame des débats d’audience, le procureur de la République a soulevé une exception d’incompétence.
Selon le représentant du ministère public, les faits tels que déclinés dans le procès-verbal d’enquête revêtent une connotation criminelle. « A la lecture du procès-verbal qui nous est saisis, il est à relever que les faits puissent revêtir un caractère de viol. Je vous invite à vous déclarer incompétent pour permettre au ministère public à mieux se pourvoir », a sollicité le représentant du parquet.
Une exception qui a pris de haut les avocats de la défense et toute l’assistance. Selon Me Abdoulaye Tall, la demande du parquet est mal fondée, puisqu’il ne peut pas relever l’incompétence du tribunal.
En flagrant délit, le tribunal est saisi suivant un procès-verbal d’enquête. En l’état et dans le cours normal des procédures, le tribunal a été régulièrement saisi. « Le parquet ne peut pas dire sur la base de simples déclarations que les faits revêtent un caractère criminel », s’étrangle, la robe noire.
Son confrère, Me Abou Daff, s’est inscrit dans le même sillage, soulignant la contradictoire du parquet. « Qu’est-ce qui s’est passé entre avant-hier et aujourd’hui pour amener le ministère public à se dédire. Nul ne peut se prévaloir de sa turpitude », s’est indigné l’avocat.
Poursuivant toujours sa plaidoirie, il dira au tribunal sans fléchir que s’il se déclare incompétent, ils vont violer les droits de la défense. Selon lui dans ce dossier, il n’y a pas de traite de personnes.
Me Sény Dione sera plus radical dans sa plaidoirie. Selon lui, il n’y a aucun dossier médical pouvant attester les faits de viols. Pour lui, le parquet est dans l’hypothèse. « Il n’y a pas de preuve formelle de viol dans ce dossier », a- t-il expliqué.
A la fin de leur plaidoirie, le tribunal a fixé son délibéré sur l’exception d’incompétence soulevée par le parquet au mardi prochain. Serigne Assane Mbacké et ses co-inculpés sont initialement poursuivis pour corruption de mineurs, traitement en vue d’exploitation sexuelle, détournement de mineurs et corruption de mineurs au préjudice de O. Diouf et AS. Diouf.
Déférés lundi dernier, ils ont bénéficié, le même jour, d’un retour de parquet. Les prévenus ont été placés sous mandat de dépôt depuis le mardi, 14 juin dernier et envoyés en jugement devant le Tribunal des flagrants délits de Dakar.
Source : L’Obs