« Certaines personnes de la société Senhuile », qui a cédé ses droits sur 20.000 hectares dans le Ndiaël à Frank Timis «seraient en connexion avec la mafia italienne ». C’est en tout ce que soutenait Me Ciré Clédor Ly dans une lettre, documentée, transmis au doyen des juges alors que Senhuile accusait à l’époque, son ancien directeur général, de détournement.
Malgré une expertise attestant que l’ancien directeur général Benjamin Dummai, un homme au passé trouble avait volé 1,251 milliard, Senhuile a systématiquement « oublié » le dossier qui frôlé la prescription.
Libération révélait que l’homme d’affaires roumano-australien Frank Timis avait créé dans le paradis fiscal des Îles Caïmans, la société Agro-industries corp (Aic). Et par le truchement de cette société offshore, Il a « acquis », le 28 février 2021, les droits fonciers des Fermes de la Téranga (ex-Senhuile) pour 7,9 millions de dollars. Depuis lors, Frank Timis, qui trône sur 20,000 hectares dans le Ndiaël et 5,000 hectares à Fass Ngom après une délibération de la commune, tente de lever 40 millions de Fcfa pour développer les activités de la société au Sénégal.
Les ex-dirigeants italiens de Senhuile quittent ainsi le Sénégal comme ils y étalent arrivés dans le mystère total, et personne ne connait exactement les dessous de la transaction qu’ils ont effectuée avec Frank Timis après avoir bénéficié des terres du Ndiaël dans des conditions plus que douteuses sous l’ancien régime. Pourtant, le profil des anciens dirigeants de Senhuile ainsi que celui de Frank Timis, qui a défrayé la chronique au Sénégal dans un dossier pétrolier finalement classé sans suite, devrait pousser les plus hautes autorités à s’intéresser d’avantage à cette transaction mettant en scène l’intervention de plusieurs sociétés basées dans des paradis fiscaux comme l’indiquait Libération.
Qui plus, le premier directeur général de Senhuile a soutenu officiellement, dans le cadre d’une procédure judiciaire toujours pendante au premier cabinet, que certaines personnes qui gravitent autour de cette société se raient proches de la mafia italienne.
Pour la petite histoire lors de son implantation au Sénégal, Sen-huile était majoritairement détenue par la société italienne Tampieri Financial Group SpA (51%) et par Senethanol Sa (49%). Et Senethanol était contrôlée, à son tour par de mystérieux investisseurs cachés derrière Ab Italia (75%) et des hommes d’affaires sénégalais.
Ab Italia était dirigée par le nommé Harmodio Herrera cité dans plusieurs scandales fimanciers. En septembre 2011, il a passé le témoin à Benjamin Dummai dont le nom apparait aussi dans plusieurs affaires financières entre le Brésil et les Usa. Et c’est Benjamin Dummai qui a été envoyé au Sénégal pour lancer le projet de Senhuile dont l’objectif était de produire des agro carburants pour l’Europe.
A plusieurs reprises d’ailleurs, Dummai, un israélien naturalisé brésilien, montera au créneau pour défendre le projet face aux populations qui dénonçaient l’accaparement de leurs terres. Pourtant, courant 2014, Dummai est révoqué par le conseil d’administration de Senhuile et remplacé par Maccimo Catteluci. Pire, il est placé sous mandat de dépôt suite à des accusations de malversations financières portant, officiellement, sur 186 millions de Libération a appris aujourd’hui qu’un rapport produit par l’expert Cheikh Sadibou Fall, a établi que c’est la rondelette somme de 1.251.949.454 Fcfa qui s’est réellement évaporée entre les mains de Dummai.
L’expertise a mis à jour plusieurs transactions douteuses mais aussi l’achat nébuleux de semences et de Nitromax alors que la société n’en avait pas besoin. Curieusement, Dummai a été libéré et le dossier est presque frappé de prescription malgré les montants en cause. L’explication se trouve peut-être dans le fait que Dummai, via son conseil Me Ciré Clédor Ly, a versé une petite «bombe » à fragmentations multiples dans le dossier.
Le 1 juin 2015, en pleine procédure, l’avocat a transmis au juge un dossier avec ce résumé : « Nous avons l’avantage de vous informer que dans l’affaire sus dessus référenciée, certaines personnes de la société Senhuile seraient en connexion avec la mafia italienne et nous vous ferons parvenir les documents qui en attestent ».
Les documents en question concernent plusieurs notes déclassifiées d’un juge italien qui enquêtait sur la mafia italienne. Manifestement, Senhuile qui a mis une croix sur le dossier, ne voulait pas que Dummaî, qui a envoyé un message via son conseil, parle…