De son chapeau, il a sorti ce qui semble être sa dernière carte. La restauration du poste de Premier ministre, ultime zigzag, d’un type ayant perdu ses esprits, dépassé par la situation, le chaos autour de lui, n’est cependant qu’une manœuvre de plus.
L’homme est trop vil pour ne compter que sur des réformettes institutionnelles afin de sauver sa peau.
Ses vraies cartes en dernier ressort sont celles de la violence sanglante et le recours à l’éthnicisme, sur fond d’armes blanches. Ne nous trompons donc pas: il les a sous le coude, comme il y garde les magouilles financières et politiques, multiples, qui ont vidé le Sénégal de son oxygène.
Le rétablissement de la primature, ce néologisme inventé à l’époque par le premier Président du Sénégal, est donc l’amorce d’un sauvetage des meubles pour un régime qui s’écroule.
Il ne peut même plus justifier les décisions qu’il prend à la sauvette, sous la pression des évènements qu’il subit plus qu’il ne les anticipe.
Les explications fournies par ses défenseurs, dont le professeur Ismaila Madior Fall, ne convainquent personne. Elles passent sous silence le coup de massue asséné par le Ministre américain des Affaires Etrangères qui a dit, la semaine dernière, à un Macky Sall, abattu, en termes clairs, qu’il n’avait plus le droit de postuler à un autre mandat présidentiel ni d’empêcher ses critiques à l’affronter au moyen des idées et des dénonciations de ses pratiques.
Il y a fort à parier que le fait de réaliser qu’il n’a plus de marge de manoeuvre, mis sur observation qu’il est par le leader de la communauté internationale, l’a poussé à tenter un ultime baroud de déshonneur.
En faisant ce qu’il sait faire de mieux: une prestidigitation pour enfumer ceux qui observent sa noyade en fast-track.
La mesure, plus mesurette que décision sérieuse, a fait flop dès son annonce puisque de partout elle ne suscite que ricanements, quolibets et moues dubitatives.
Penser que le retour d’un premier ministre suffira à redresser la barque déjà au fond des océans, en train de couler, qu’il ne tient plus, c’est la plus douce des illusions.
Qui est dupe? Le régime de Macky Sall traîne tellement de tares et de déficits, d’incompétences et de fautes contre la mémoire du pays, ses ressources et son standing qu’il ne peut plus y avoir d’être, quel qu’il soit, capable de le sauver du sort fatal, qui l’attend, imminent.
Le plus rigolo, c’est qu’il explique ce choix par le fait qu’il sera, à partir de Janvier 2022, le nouveau Président en exercice de l’Union africaine (UA).
Par le passé, l’homme qui a eu à être porté à la tête du Comité Nepad de l’UA et s’est fait inviter moult fois à des séances du Club des pays industrialisés et celui du G20, plus élargi, n’y a laissé aucun souvenir qui le crédibilise. Il n’y fut, à chaque fois, qu’un passable figurant. Incapable, il est. Et le reste. Les habits de Président dépassent l’étendue de son cerveau rempli de copeaux.
Ses neurones, alliage de bois vermoulus et de feuillages fânés, sont, de surcroit, amortis, légumes pourries, au moment où, au milieu des crises graves qui secouent l’Afrique, il ose; suicidaire, prendre le leadership de sa seule organisation politique continentale.
C’est un pari perdant d’emblée qui n’est engagé que pour lui donner un bol d’air et en faire un levier pour se faire pardonner sa faillite intérieure. Inapte à démêler les enjeux sous les pieds de l’Afrique, médiocre dans la formulation d’une abstraction intellectuelle pour les imposer dans l’Agenda mondial, qui ne vit que de buzz, notamment en se moussant après ses déclarations sans suite à l’ONU ou ailleurs, il est bien parti pour faire honte non seulement au Sénégal mais à l’Afrique à partir de ce strapontin immérité qui lui sera confié par des dirigeants africains, pour la plupart irresponsables.
Il y a hélas des voix, les mêmes, à la solde, qui tentent, dès à présent, de vendre cette camelotte, en affirmant, tel le Jeune Afrique en déclin, perdu, que la présidence de Macky a l’UA sera le prétexte pour “franchiser” ce qui a été fait dans notre pays au niveau continental.
En marketting, c’est connu, on ne peut promouvoir qu’un bon produit.
Macky Sall est un produit périmé, pourri, puéril. Et, comme il a échoué partout où il est passé, malgré les tentatives de blanchiments à coups de milliards de son image définitivement ternie, comme il a été incapable de réaliser quelque chose de sa co-présidence de la relation sino-africaine et de marquer durablement, c’est-à-dire positivement, son action au Sénégal, à la Cedeao, au Nepad ou au G7, on peut gager qu’il fera de la réforme autour du poste de premier ministre une énième déroute.
Le fait de le rétablir est en lui-même la preuve d’un tatonnement, l’expression d’un échec qu’il ne peut plus cacher. Il revient à son lieu de départ ne sachant plus où il va.
Sur ses pas, la faillite est le marqueur indiscutable…Cette dernière tentative ne le sauvera pas. L’Américain lui a dit, à haute voix, ce que le monde entier souhaite qu’il entende.
Qu’il dégage, maintenant. La comédie ne fait plus rire. Macky Sall a épuisé ses grisgris…
Game over! Aucun entrechat ni fera rien, wirri-wirri jarri ndar. Il rendra gorge et compte. Le compte à rebours a déjà commencé.
Adama Gaye* est un exilé politique, auteur d’Otage d’un Etat (Editions l’Harmattan).