Le président de Pastef, Ousmane Sonko, a officiellement déclaré sa candidature pour la Présidentielle de 2024. Une manière, sans doute, de mettre la pression sur les autorités judiciaires, voire politiques, puisque le concerné ne cesse de dénoncer la politisation de son dossier.
Sa déclaration de candidature, à y voir de près, sonne comme une auto-prononciation de non-lieu dans l’affaire de viol présumé qui l’oppose à la masseuse Adji Sarr. Seulement, voilà : peut-on prétendre accéder à la magistrature suprême si l’on est coupable d’un crime comme le viol ?
Ousmane Sonko n’ayant pas encore été jugé, il n’est donc pas innocent. Mais présumé innocent. Question fondamentale au cœur des débats dans certains cercles politico-intellectuels, adossée à la morale et à l’éthique : devrait-on être porté à la tête de l’État sur la base d’une simple présomption d’innocence ?
En attendant, les partisans du leader de Pastef sont catégoriques. Et pour eux, la réponse est ‘’oui’’. Sauf que les arguments mis en relief, à travers les réseaux sociaux notamment, sont des plus problématiques. En réalité, il n’y a même pas de discours argumenté et cohérent.
Les ‘’patriotes’’, du moins la plupart d’entre eux, structurent les discours autour d’éléments de langage qui visent plutôt à jeter l’opprobre sur la personne du président Macky Sall. Que l’on se comprenne bien : notre propos n’est pas de prendre parti, mais de mettre en évidence un état d’esprit qui ambitionne de présider aux destinées de notre pays.
Monsieur Ousmane Sonko a promis d’apparaitre comme le leader de l’’’antisystème’’. Il n’est alors pas superflu de rappeler que rompre avec des pratiques et des comportements, c’est commencer par rompre avec des attitudes discursives et des attaques ad hominem. Le moins que l’on puisse attendre d’un homme politique qui tient à trôner au sommet de la République, c’est qu’il gomme tout populisme de son esprit et soit clair dans ses intentions. Parce que si l’on n’est pas clair dans ses intentions, on est forcément suspect dans ses finalités.
Ousmane Sonko avait clairement appelé à perpétrer des actes de nature terroriste contre des citoyens sénégalais. Partant du présupposé selon lequel ce sont des gens du pouvoir qui auraient dilapidé les biens de l’État. Tout comme il en avait appelé à fusiller tous nos anciens chefs d’État. Un tel discours relève d’une entreprise d’instrumentalisation. C’est un discours qui appelle au chaos. Il est dangereux et contreproductif. Même si, par ailleurs, la reddition des comptes est un impératif absolu à la laquelle les ‘’maîtres de l’instant’’ ne sauraient se soustraire.
Ousmane Sonko est-il l’incarnation de la vertu et de la morale ? Certains le pensent. À tort ou à raison. Il reste que des actes par lui posés ne permettent pas de répondre par l’affirmative, car, après tout, nous ne sommes que des humains.
Ainsi, dans une prochaine contribution, nous reviendrons largement sur certains épisodes qui ont rythmé sa trajectoire. De l’université Gaston Berger de Saint-Louis à la tête du parti Pastef. Le Sénégal a beaucoup souffert de ses politiciens, parce que l’émotionnel, l’imposture et la poudre aux yeux ont toujours empêché de voir clair sur le choix des prétendants à la présidence de la République.
Par Félix NZALE