TER-TERRAAT autour de l’inauguration d’une infrastructure sur-facturée et inutile au pays; détournements tous azimuts au point de plomber des sociétés nationales de premier plan; incertitudes politiques à perte de vue sur fond d’une montée dégueulasse de l’Etat de non-droit; bides diplomatiques sans fin malgré un folklore bruyant pour les masquer; malédiction des ressources, en particulier nos hydrocarbures, notre fer et notre or, privatisés avant de faire l’objet d’une procédure prétendument transparente…
Et, pour boucler la boucle, ce Teymakh d’enfer, mouvement de reins, d’arrière en avant, suivi d’un coup sur une cible, comme pour finaliser un acte innomable ici, ostensiblement décroché par rien moins que la première dame, ou ce qui en tient lieu, d’une République qui, décidément, part en lambeaux.
On pouvait s’attendre à tout sauf à voir le Sénégal enterrer ainsi, flamberges au vent, en fast-track, sans aucune précaution, une année que la pandémie de Covid19 avait déjà inscrite sur le registre de celles horribilis, horribles, que nul ne souhaite fêter ou revivre.
La succession des catastrophes a été tellement violente, virevoltante, qu’on se réveille, en ces derniers jours de 2021, en se posant la question de savoir ce qui attend encore un peuple choqué, tétanisé, meurtri, ayant perdu tous ses repères dans cette descente aux enfers qui l’engloutit.
Reprenons un peu nos esprits et faisons le dernier point de ce qui reste encore en surface tant il est impossible de lister tous les scandales et malheurs qui ont secoué, rocked diraient les anglophones, ce pays qui ne sait donc plus où donner de la tête.
Commençons par les tambours endiablés, entendus quelque part, sous le regard d’une dame, en tenue marron, foulard sur la tête, les yeux rivés sur les sons qui viennent vers elle et dont on voit qu’ils l’attirent, la happent, irrésistiblement. Jusqu’à ce que, comme à son habitude, n’y tentant plus, les mains au ciel, les yeux y orientés, en transes, les corps se tortillant, elle se livre à la danse du Sabar. Art de montrer une sénégalité, disent ses défenseurs, vulgarité rétorquent la plupart de ceux qui, médusés, ont vu la scène. Surtout sa conclusion. Le teymakh.
Il faut être sénégalais pour comprendre le sens de ce mot-acte, la finale d’un Pavarotti, que les batteurs de tamtams et les danseuses les plus audacieuses, pour ne pas dire plus, posent, sous les cris déchaînés des spectateurs, comme pour affirmer leur libération libidinale. Le teymakh est, en raccourci, ce qui a de plus salace dans une danse sur les rythmes des tamtams du Sénégal…
Or donc, aurait sans doute dit Léopold Sédar Senghor dans son phrasé connu, celle qui a fait le teymakh devenu viral n’est autre que l’épouse de la première institution du pays. Est-ce l’expression d’un comportement simple, naturel, chez elle? En a-t-elle le droit? Ne sort-elle pas de son statut en se laissant aller à une telle Sénégalité? N’en jetons plus et donnons lui le droit de vivre sa mission de première dame à sa manière. L’histoire se chargera de dire si le teymakh est ou non acceptable dans les rites d’une république moderne.
Ce qui lui donne des circonstances atténuantes, c’est qu’il se passe des choses autrement plus graves et qui dépassent l’entendement. Citons-en quelques-unes:
–La Poste, institution nationale respectée depuis que le Sénégal existe en tant qu’entité indépendante, s’est vue dépouiller de ses avoirs financiers au point de ne plus pouvoir payer les pensions de retraites;
-Des milliards sont partis en fumée, dans les poches de ses dirigeants et de certains de ses employés, sans que nul, au sommet de l’Etat, ne s’en émeuve ni ne sanctionne les auteurs, les uns ayant été recyclés dans la politique au coeur du Parti-Etat, les autres se perdant dans des justifications inacceptables mais en gardant les recettes de leur braquage. La Poste est à l’article de la mort. Une page se tourne.
-A la Lonase, la Loterie nationale, une dame et ses acolytes ont vidé les caisses, là-aussi, mais se sentent couverts d’un manteau de l’impunité, l’arrestation de la principale coupable fait rire dans les salons, qui savent mieux qu’il n’en sortira rien;
–Le Trésor Public a été cambriolé de l’intérieur, les derniers servis étant des lampistes qui ont rafflé des milliards comme pour dire “nous ne sommes pas seuls”, le contre-exemple, métastasé dans l’administration, venant du Chef de l’Etat en personne, qui est le premier voleur des deniers publics.
Le Sénégal vit donc des moments irrééls. Qui font froid dans le dos. Regardez, pour en avoir une illustration encore plus poignante, la cohue réunie, hier, autour de celui qui tient lieu de Chef de l’Etat à l’occasion de ce qui est un énième exercice pour nous convaincre qu’il y a de la transparence dans la gestion de nos hydrocarbures. Tous savent que la messe est dite depuis bien longtemps, depuis que le maître des crimes financiers et politiques a, lui-même, filé, avec l’aide de son premier ministre d’alors, la crème des hydrocarbures nationaux à son frère, Aliou, et son complice, Frank Timis, dans le méga-scandale Petrotim qui, ça se voit, continue de le hanter.
Ce que l’on a vu hier, sous ses yeux, en présence d’une horde de profitards venus se servir des restes de la bête, c’était une autre scène d’exorcisme de ses peurs, de son sentiment de culpabilité, de son ultime sorcellerie pour espérer embarquer les Sénégalais dans une séance en trompe-l’oeil pour qu’ils se croient revenus à l’ère de sa promesse, qui l’avaient aidé à gravir l’échelle politique, d’une gestion vertueuse, partagée, du pays.
Nul n’était bien sûr dupe à la vue de certaines tronches, toujours disponibles à faire le riti, jouer la mandoline, participer aux blanchiments des crimes, pour évacuer les derniers doutes.
Est-il nécessaire de les citer? Qui ne les reconnaît? On ferait du tord à évoquer la présence d’un Serigne Mbacké Ndiaye, celui dont la vie se résume en des platitudes pour rester une sangsue. Celle du pourtant sympathique Baïdy Agne, un inamovible patron, qui est de tous les bavardages inutiles. L’ancien détourneur des deniers publics à l’Aser, Modibo Diop, était de la partie. On pouvait penser que Serigne Mboup qui a laissé un trou de 59 milliards à la SAR, le corps lesté de louchetés, en mission, aurait eu la décence de se cacher mais il y était aussi.
La nomenclature des participants relève d’une liste à la Prévert.
On y a entendu les propos d’un recteur d’université qui se perd dans un larbinat indigne de sa toge, et qui le fait décrire l’hôte du jour en visionnaire en feignant d’oublier qu’il a pillé avant la lettre les hydrocarbures en débat. Et qui s’est surtout mis volontairement en décalage face aux mutations sur les énergies jusqu’à ne pas mentionner dans son intervention, en dehors des thèmes éculés du paradoxe de l’abondance ou du syndrome Hollandais, les réalités emergentes conditionnées par la priorité climatique.
Les acteurs de la sécurité, dont un que je connais trop bien, était aussi sur place “au nom de la sécurité de mon pays”, ne réalisant pas qu’il s’agit ici de couvrir les méfaits d’un hors-la-loi à la tête du pays, grand ordonnateur des crimes souverains qui le suffoquent.
On a même entendu un détour sur la Coupe d’Afrique des nations de foot-ball pour justifier la risible résistance de Macky Sall face au déclin inéluctable des énergies fossiles, désormais frappees d’un refus de financement à travers le monde.
La cérémonie ne pouvait avoir lieu sans les habituels syndicalistes jaunes, sans Moundiaye-Machin, sans tous les autres qui ont rivalisé d’ardeur, s’alignant sur une atmosphère surréelle, pour participer à cette entreprise passéiste et de blanchiment dont l’unique but est d’une part de nier la faillite de la gestion des hydrocrabures, d’autre part de faire croire aux Sénégalais qu’un avenir édenique les attendait ou encore qu’il y avait de la transparence dans les revenus attendus de l’exploitation des hydrocarbures.
Dans la salle où ils étaient réunis, il était difficile de voir les figures marquantes des industries d’hydrocarbures: ni les Major, comme Total ou BP, qui ont détalé, ni les financiers qui savent qu’il y a un embargo sur les fossiles, ni les porteurs des technologies futuristes, de l’hydrogène vert aux batteries électriques encore moins aux experts sur les terres rares.
Ce fut un grand moment de blabla d’autant plus tonitruant qu’il n’a fait intervenir que des incultes et danseurs du ventre: les recettes promises, estimées annuellement à 700 milliards de francs Cfa, ne viendront jamais soutenir un budget national d’avance plombé par les mauvais choix, amateurs et crapuleux, faits dans l’euphorie des des découvertes pétro-gazières dans notre pays. Les energies du 21ème siècle ont déjà donné un verdict définitif: la transition énérgétique vers la décarbonization ne permet plus de marge de manoeuvre, n’en déplaise à Ousmane Diagana de la Banque mondiale, grand menteur, qui fait croire que le discours de Macky Sall sur le financement du gaz peut convaincre même la dernière née des grenouilles.
Se remonter le moral était donc le projet hier autour de ce conseil présidentiel bien tardif et hors de ses pompes. Sous des discours vibrionnants, revêtus d’une verte de coulerur verte comme pour signaler son apostasie vers les renouvelables, Macky Sall savait cependant la rêche réalité qui l’attend au coin de la rue.
Ce Conseil Présidentiel, facette du dépérissement de l’État à la mode communiste longtemps chère à son organisateur, fut une farce honteuse.
Qui doit être surpris qu’il n’ait pas enregistré d’annonces d’investissements extérieurs ni n’a eu d’impact au delà du cercle des convertis au larbinisme?
İl restera dans les annales de l’histoire comme un autre moment dans la marche du Sénégal vers cette malédiction des ressources qui l’a déjà prise à la gorge, dans ses serres.
Remettez du tamtam, au moins en dansant, et elle sait le faire, Tata Marième égaye notre fin, décidément horrible, d’année que le Syndic de faillite convoqué par Macky Sall, au milieu des détournements, des mensonges et d’une pauvreté galopante, ne pouvait faire oublier.
Les Sénégalais, fatigués, n’étaient pas disposés à lui passer cette entourloupe qui met un clou final à 2021 en même temps qu’elle enterre tout espoir d’un sauvetage d’une gouvernance qui a lamentablement échoué.
C’était, peut-on dire, comme dans les films comiques d’antan, en accéléré, votre série COS-PETROGAZ, dernière arnaque, avec comme acteur principal le Khalife Général des voleurs…
Adama Gaye* Diplômé en pétrole et gaz, opposant en exil, est celui qui a introduit Macky Sall, pour soutenir le Sénégal, auprès de pays et organismes qui ont fourni du pétrole qu’il a détourné…
Légende de la photo: les ressources naturelles appartiennent au peuple dit le bandeau mais Macky Sall les brade à son insu.