La crise interne qui sévit à la Seter a explosé finalement au grand jour le 2 août passé. Sur la ligne comme dans les bureaux de la Seter sis à Colobane, les travailleurs portaient des brassards rouges. Leur problème: Patrick Tranzer, le directeur général.
Pourtant, en janvier 2021 alors que Patrick Tranzer était directeur général adjoint, les cadres sénégalais, qui sentaient sans doute les choses venir, avaient adressé une lettre au président du conseil d’administration, Stéphane Volet. Sans citer nommément Tranzer, ils écrivaient: «En votre de qualité de président de la Seter, nous souhaitons par la présente vous partager notre vision et notre engagement en faveur de la Seter. Dans ce « nous», vous retrouverez les membres du programme «Jiwu- la pépinière» qui, à l’origine, a été créé pour renforcer les capacités des «<N-1 Codir» et surtout, à travers ce Middle Management, connaitre, partager et trouver des solutions aux problématiques opérationnelles que rencontrent les différentes directions. C’est dans ce cadre que nous nous permettons de vous écrire en nos qualités de relais de la direction générale auprès des équipes », faisaient valoir les cadres sénégalais.
L’alerte des cadres sénégalais dès janvier 2021
Ils ajoutaient : « Malgré les vicissitudes propres à un projet de cette envergure, le résultat auquel nous sommes arrivés aujourd’hui est la conjonction d’efforts de personnels expatriés et locaux travaillant dans le
même sens pour un intérêt supérieur. La fierté pouvait ainsi se lire dans le regard de chaque Sétéroise et Sétérois le jour de l’inauguration, et nous sommes fiers du rendu. Au-delà du «j’y étais» nous pourrons partager assez fièrement «nous l’avons fait ». En effet, notre attachement au projet unique du Ter de Dakar n’est plus à prouver tant le parcours de chacun d’entre nous suffit à toute justification. Il est important dès lors de rappeler que des jalons clés et importants avaient été posés depuis la «Seter d’un employé » à la « Seter de 900 employés» que nous connaissons tous aujourd’hui : un management bienveillant et respectueux des réalités locales; un environnement de travail adapté au contexte de la pré-exploitation; une relation de confiance vis-à- vis de la direction générale; des perspectives d’avancement et d’épanouissement pour chaque salarié. A ce management qui a construit la Seter dans des conditions de pré-exploitations bien difficiles et particulières, nous tenons à lui témoigner toute notre reconnaissance »>.
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Cependant, «nous avons observé ces derniers mois des changements au niveau de la gouvernance de la Seter. Ces changements sont légitimes du point de vue de l’actionnaire et il n’appartient pas aux salariés d’en dicter les choix. Toutefois, nous regrettons qu’aucune démarche de communication auprès des équipes n’ait été initiée.
Au contraire, nous remarquons depuis les changements intervenus, un climat de remise en cause des acquis, d’absence de communication, de doute et d’incertitude. Il nous tient à cœur que ce qui est réalisé ne soit pas défait, que les cadres dirigeants soient impliqués dans les prises de décisions d’entreprises et que les acquis soient préservés pour relever les défis de la mise en service commerciale et l’exploitation optimale du Ter. Nous sommes profondément attachés à ce projet qui est un symbole national, dont les enjeux dépassent nos personnes et nos carrières. Notre ambition, plus que la postérité individuelle, est de hisser la Seter dans le podium des entreprises les plus performantes et les plus attractives du Sénégal », concluaient les cadres sénégalais.
Les révélations ahurissantes des délégués du personnel
Mais l’actionnaire, à savoir la Société nationale des chemins de fer français (Sncf), a royalement ignoré ce message. Conséquence: de directeur général adjoint, Tranzer est passé directeur général. Aujourd’hui, rien ne va plus à la Seter, du moins chez les employés sénégalais qui vivent le martyr. En témoigne la situation présentée par les délégués du personnel dans une note interne diffusée le 1er août. «Le projet du Ter s’est construit sur la promesse d’une rencontre entre la nécessité de bâtir une infrastructure nouvelle impactant la vie des Dakarois et celle de permettre aux Sénégalais, aux jeunes notamment, d’être acteurs du renouveau du ferroviaire au Sénégal. Ce discours a été rappelé par le Chef de l’Etat lui-même lors de l’inauguration et loué par le ministre des Transports ainsi que les directeurs généraux de l’Apix et de la Senter à chaque fois qu’ils en ont l’occasion. Aujourd’hui, un homme, Patrick Tranzer, a décidé d’en faire son affaire en basculant dans la précarité des jeunes sénégalais sans égards ni raisons professionnelles objectives. De même qu’il semble établir à la Seter une différenciation de traitement entre les salariés sénégalais, qui ne semblent mériter aucun respect à ses yeux et nos collègues espaces toujours mieux chouchoutés.
Article rédigé par le quotidien LIBERATION et repris par Limametti