Face aux lenteurs des travaux, les impactés des travaux du tronçon Thiaroye – Keur Massar ruminent leur calvaire.
Mouhamed Ndiaye est gérant d’une cantine au quartier Ben Barack, dans la commune de Yeumbeul Nord. Sa boutique juxtapose la route qui mène vers Keur-Massar en quittant la station Yeumbeul. Les travaux de réfection et d’élargissement, entamés depuis plus d’un (01) an sur cet axe, ont fini de causer des dégâts collatéraux chez les populations riveraines.
M. Ndiaye en est victime. Il suffit de mettre les pieds à l’entrée de sa boutique, remplie de matériels électrotechniques, pour se rendre compte que ce commerçant veut vraiment en finir avec les travaux… « Ils sont lents, ces travaux. Nous ne parvenons plus à travailler correctement. Depuis que les travaux de réfection de cette route ont démarré, nous n’arrivons plus à écouler, normalement, nos marchandises », s’est-il livré après interpellation.
À l’image de Mouhamed Ndiaye, d’autres habitants de Ben Barack, de Yeumbeul et Malika ou même de gens, originaires d’autres localités et qui ont fini par ériger un « busines » sur cet axe, souffrent de ces travaux, jadis, d’utilité publique, mais qui avancent à pas de caméléon. Ces personnes rencontrées ne souhaitent qu’une seule chose : la fin des travaux.
« Vous avez vu la poussière sur nos produits alimentaires. Heureusement que la plupart de ces produits sont en emballage. Mais, nous respirons la poussière en dépoussiérant les produits. Ce qui est dangereux », regrette Lemou Fall, gérant de magasin d’alimentation, qui trouve insuffisant les mesures d’accompagnement. « Il y a un camion-citerne d’eau qui arrose tous les jours pour réduire la poussière. Mais sa manière d’arroser est laconique. Il peut passer trois (03) ou (04) fois dans la journée, mais cela n’empêche pas la poussière de nous envahir », signale le commerçant, visiblement très amer de la situation.
Une route utile…
Ce projet a été initié par l’Etat du Sénégal dans le cadre des travaux de modernisation des principaux axes routiers et d’amélioration de la mobilité urbaine, surtout au niveau de la banlieue. La route des Niayes en fait partie. C’est cette voie alternative qui quitte le rond-point Liberté 6 pour aboutir à Keur Massar. Elle sera utilisée aussi par le BRT (Bus Rapid Transit), d’où son aménagement et son élargissement pour la transformer en une chaussée 2X2 voies, incluant la construction de voiries urbaines de connexion et de voies annexes au niveau des différentes communes concernées. Le tronçon Thiaroye – Keur Massar en passant Yeumbeul, Ben Barck et Malika, distant de dix (10 km), est une entité de ce projet.
L’élargissement de cette route va améliorer substantiellement les conditions de trafic et de sécurité des zones traversées. Ce que les usagers ne n’ignorent pas. « Personne ne peut nier l’importance de ces travaux. Ils sont d’utilité publique. C’est seulement la lenteur qui est a déploré », précise ce tailleur, trouvé dans son atelier.
« Les travaux sont à 55% d’exécution »
Ces lenteurs notées dans les travaux sont bien ressenties par les piétons. Sur le trajet Yeumbeul – Keur Massar, le transport en commun a été réduit. Seuls les bus Tata et les car-rapides, communément appelé « Super », continuent à emprunter cet axe avec des contournements inimaginables au niveau des artères des quartiers riverains. Les bus DDD, eux, ont complétement changé de trajet. La Ligne 16 ne passe plus sur cette voie complétement dominée, pour l’instant, par des travaux d’assainissement. « Si à certaines heures vous vous trouvez en ville et que nous voulez rentrer ici, ne pensez même pas prendre un taxi. Sinon, vous allez casquer fort. Il m’est arrivé à payer 7000 F Cfa pour rentrer ici à Ben Barack. C’est difficile », témoigne cet habitant de Ben Barack interrogé. Ces propos sont corroborés par un chauffeur de « Super ».
Trouvé au volant de son véhicule, au niveau de la station de Ben Barack, Thierno témoigne : « On ne faisait même pas une heure de temps entre Pikine et Keur Massar. Maintenant, nous faisons plus de 3 heures sans même arriver à destination. Ce n’est pas normal ». Selon lui, « c’est cette situation qui explique le fait que nous faisons plusieurs étapes pour ce même trajet. Et parfois, les clients ne le comprennent pas ainsi ».
La SDE et la SENELEC, indexées comme causes du blocage…
Interpelé sur la question, le chef de projet de ces travaux d’extension implore l’indulgence des populations. Elhadj Lèye Guèye reconnaît les lenteurs dans les travaux. Mais il précise que son équipe est toujours dans les délais d’exécution qui sont prévus pour deux (02) ans. Seulement, il existe des imprévus qui font que les travaux n’avancent pas comme prévus.
« Comme vous le savez, nous travaillons en milieu urbain. Il y a pas mal de contraintes qui sont très défavorables à la performance. Actuellement, nous sommes confrontés à un problème de réseaux des concessionnaires. Il y a un travail de dévoiement à faire du côté de la SDEet de la SENELEC. Et, nous ne pouvons pas avancer sans régler ces problèmes », a fait savoir M. Guèye qui précise que « les travaux sont à 55% d’exécution ». À l’en croire, le problème de réseau sera résolu d’ici deux (02) semaines pour une reprise normal des travaux.
L’enjeu est de finir ces travaux d’ici la fin de lhivernage. Si tel n’est pas le cas, ça sera un véritable casse-tête infini pour les populations de cette partie de la banlieue dakaroise.