Le danger est palpable à la sortie du péage. L’absence de garde-fous et de panneaux de signalisation, sciés pour la plupart ou défoncés par les automobiles, à la sortie du péage de Pikine sont des actes de vandalisme que les usagers condamnent. Les moignons de ces garde-fous et autres panneaux laissés tels quels et sans protection sont souvent source de nombreuses blessures pour les usagers.
Alain Diouf est encore sous le choc. Le jeune homme qui vient d’échapper à une collision avec un véhicule qui a dérapé à hauteur des garde-fous fichés à la sortie du péage du Pikine, peine à retrouver ses esprits.
Tout s’est passé très vite. Sur le bitume, les pieds étalés devant lui, des égratignures aux mains, il reprend son souffle. A côté, un vendeur à la sauvette lui procure de l’air à l’aide d’un vieux journal. Alain regarde à gauche, jette un coup d’œil à sa paire de sandales éjectée à quelques centimètres de lui, avale une gorgée d’eau et lâche un bruyant «Alléluia».
« Si je n’avais pas vu très tôt cette camionnette, je serai à cette heure à la morgue. Elle sortait de l’autoroute et manœuvrait pour prendre l’allée qui mène à la Sogas (Société des abattoirs du Sénégal), ex Seras quand brutalement elle a perdu le contrôle. Je pense qu’elle évitait une charrette et a embouti le reste des garde-fous derrière lesquels je patientais pour traverser quand la voie sera libre. Je l’ai échappé belle », hoquète- t-il, la voix entrecoupée.
A quelques mètres de lui, la camionnette coupable, encore coincée sur le trottoir, est en attente d’un constat. La devanture du véhicule complètement amochée. A deux pas de la collision, Gora Samb, le chauffeur, peste contre le charretier et l’absence de garde-fous. « Ce crétin m’a poussé à faire cet acte irréfléchi qui aurait pu coûter la vie à un homme. Il cherchait à me dépasser sans réaliser qu’une autre voiture venait à sa droite, sa monture a rué sur moi et j’ai été obligé de me rabattre sur le côté. C’était sans compter l’absence de garde-fous qui, du fait de l’homme et des chocs, sont presque inexistants. Certains ont été sciés dans je ne sais quel but, alors que les autres ont été littéralement arrachés par les dérapages des voitures. Résultat, la protection pour les passants est inexistante. Quand une voiture dérape et cogne le trottoir, s’il trouve un passant sur le trottoir et qu’il n’a pas de bons réflexes, il peut causer mort d’homme. Scier ces garde-fous relève d’une indiscipline inqualifiable », éructe Gora Samb.
Pour lui, ce comportement de certains citoyens et autres usagers n’est rien d’autre que de l’incivisme pur et dur, une absence de patriotisme manifeste. « Scier les garde-fous, censés protéger passants et automobilistes est une chose inadmissible. En cas de dérapage, un drame peut survenir. C’est très dangereux ce qui se passe ici. Il y a une indiscipline notoire de la part de certains citoyens », se désole-t-il.
Aussi Gora Samb invite-t-il les usagers et les passants à prendre leur responsabilité en évitant systématiquement de trop s’approcher des trottoirs dépourvus de garde-fous, en attendant que les responsables de ces infrastructures trouvent une solution.
« Il y a trop de laisser-aller dans ce pays »
Le constat est alarmant. A la sortie Pikine de l’autoroute à péage, sur la route menant à la Sogas (Société des abattoirs du Sénégal), ex Seras, les garde-fous et certains panneaux de signalisations, censés sécuriser et guider les conducteurs de véhicules, ne sont plus là, exposant à un danger certain usagers et passants.
Ce mardi 14 juin, l’horloge affiche 10h. Seuls des marchands ambulants et quelques usagers sont assis sur les grosses pierres aménagées sous l’autopont. Un gendarme veille à la fluidité de la circulation. A côté, sont installés des vendeurs de fruits ou de chaussures. Aïssatou Sow est de ce lot. Sur son tabouret, elle hèle les clients. « Effectivement, depuis un certain temps, on constate que les garde-fous ont été presque tous sciés et les panneaux de signalisation arrachés par les accidents répétitifs. On ignore qui en sont les auteurs et je pense qu’ils sont arrachés pour alimenter le business de la ferraille. C’est une pratique inadmissible. Ils avaient commencé avec les couvercles des canalisations, maintenant, cela ne leur suffit plus », souffle-t-elle, avant de lâcher : « Si les autorités laissent passer cette pratique, on va bientôt assister à des drames à répétition dans ce carrefour, surtout qu’il y a un fort trafic ici. »
L’Obs